Tauy Zimer a 73 ans. Tous les jours, il porte un manteau vert et arbore son grand sourire. Je l’ai rencontré lors d’une session de cuisine à Praxis, une association londonienne qui apporte du soutien aux réfugiés arrivés sur le territoire. Tauy fait partie du groupe des Giants, les seniors réfugiés de l’association.
Ses parents, originaires d’Allemagne et de Biélorussie, sont déportés après la fin de la Seconde Guerre Mondiale dans un goulag de l’union soviétique, dans la région de Kolyma, dans l’extrême-orient russe. C’est là qu’il naîtra, le 16 août 1949, sur le sol du goulag. "À même la terre, sans soleil”. Il y passera les deux premières années de sa vie avant de quitter le camp avec sa mère en direction de l’Ukraine. Jusqu’à ses 50 ans, il construira sa vie là-bas, en faisant des études dans l’espoir de revoir un jour son père, en vain. Lorsque sa mère décède, il quitte l’Ukraine et tente de s’installer en Allemagne, un exil qui lui sera refusé.
Tauy se retrouve sans pays et sans patrie. Il erre à travers l’Europe en quête d’asile, vit en Pologne, Hongrie, Croatie, Autriche et Italie, toujours sans visa, sans statut de réfugié et sans citoyenneté. Il a fini par croire qu’il ne venait de nulle part et qu’il allait nulle part. C’est seulement en 2002 qu’il atteint l’Angleterre.
“Depuis 20 ans, j’attends d’obtenir la nationalité anglaise. Au début, ici, j’ai obtenu le statut pour cause d'apatridie, comme une permission de rester. C’est en 2013 que j’ai obtenu un permis de résidence et cette année, en avril, je serai normalement éligible à la citoyenneté anglaise.”
Dans quelques jours, Tauy obtiendra normalement la citoyenneté anglaise. Après 20 ans, à vivre en tant que réfugié au Royaume-Uni, il sera enfin reconnu comme citoyen. J’ai ressenti beaucoup de joie après le désespoir d’une longue attente. Attendons des nouvelles en avril.
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